“Je voudrais rendre hommage à une grande dame du Haut-Languedoc… malheureusement oubliée aujourd’hui, mais qui fut une visionnaire au début du siècle dernier. Une précurseure. Une entrepreneuse.

Je voudrais qu’on salue fortement France Cabrol — Cabrol de son nom de mariage avec le père Cabrol, avec qui elle eut trois magnifiques enfants. Presque pas de revenus venant de son mari, et une grande famille à nourrir…

Elle a eu l’intelligence et l’idée lumineuse (pas légumineuse) d’introduire le pois chiche sur ce territoire, bien avant le cochon et son fameux jambon. Le fameux pois chiche de Lacaune, qui connut son heure de gloire jusqu’à la moitié du siècle dernier, et qui fut malheureusement remplacé dans nos assiettes par le pois chiche venu d’Inde, de Turquie et des pays de la Méditerranée.

Mais on n’atteint pas facilement France Cabrol, qui — têtue comme une mule (il y en aurait quelques-uns dans le Haut-Languedoc) — montra encore une fois sa capacité à rebondir en introduisant la sardine sur le Gijounet. Il y aurait encore des traces de la pisciculture qu’elle y aurait montée… Une idée qui ne manquait pas de sel ! Un projet qui n’est pas allé très loin, mais on dit qu’à Marseille, on regardait cela avec beaucoup d’inquiétude…

On a retrouvé une boîte de sardines qui témoigne déjà des aptitudes de France… dans le commerce. Plus on gratte la Sardine de France, et plus on en apprend. On vous tiendra au courant de nos recherches.

Merci France, pour tout ce que tu as fait : nous ne t’oublierons jamais. Plus que jamais, il est temps de sortir de l’oubli une femme qui aura tant participé à une forme de révolution agroalimentaire dans nos montagnes.

On lui doit aussi une expression bien connue dans toute la France — et pas seulement de France (là, je parle d’elle) :
“Avoir un pois chiche dans la tête.” Aujourd’hui utilisée pour parler d’une personne étourdie, cette expression voulait à l’origine signifier qu’une personne qui a un pois chiche… est aussi intelligente que France (là encore, je parle d’elle).

Un moment du festival Marée Haute lui sera consacré. France sera reconnue à sa juste valeur, et nous lui témoignerons la dette que nous avons envers elle. Une sardinade sera un moment fort et émouvant en hommage à son engagement sur ce territoire.

Et une messe laïque sera célébrée en l’église de Viane, suivie d’une procession jusqu’au repas autour du pois chiche, préparé par notre top chef tarnais Pascal Sudre, qui nous concoctera le fameux chichoulet dont il a le secret.

Unis autour de la mémoire de France, nous convergerons vers la place du village pour nous régaler de ses fameux pois chiches — ceux dont elle est à l’origine. On fera bloc autour de sa pensée, comme une patrouille pour honorer France : en quelque sorte, la Patrouille de France lui rendant un hommage poignant.”

Alain Navarro